La grammaire est une chanson douce est une fantaisie joyeuse. Jeanne, la narratrice, pourrait être la petite sœur d'Alice, l'héroïne de Lewis Caroll, précipitée dans un monde où les repères familiers sont bouleversés.
Jeanne, dix ans, voyage beaucoup avec son frère aîné Thomas, quatorze ans. Leurs parents, divorcés, vivent chacun d'un côté de l'Atlantique. Un jour qu'ils se rendent en Amérique, le frère et la sœur sont pris dans une tempête inouïe ; leur bateau fait naufrage. Seuls rescapés, Jeanne et Thomas échouent miraculeusement sur une île inconnue.
C'est alors qu'ils réalisent qu'ils sont devenus muets, privés de mots : ils ne peuvent plus parler ! Accueillis par Monsieur Henri, un musicien poète et charmeur, ils vont découvrir un territoire magique, où les mots sont des êtres vivants, où ils ont leur ville, leurs maisons, leur mairie et leur… hôpital !
C'est une promenade dans la ville des mots, pleine d'humour et de poésie, où les règles s'énoncent avec légèreté. Les tribus de verbes et d'adjectifs, les horloges du présent et du passé s'apprivoisent peu à peu, au rythme des chansons douces de Monsieur Henri. Une promenade à laquelle Jeanne vous invite.
Erik Orsenna a écrit là une critique, allégorique mais très claire, de l'évolution des méthodes pédagogiques du français. Mais ce livre est, avant tout, par sa naïveté, son évocation-hommage d'Henri Salvador et ses délicates aquarelles, un conte éducatif. Pour enfants, et pour ministres.
Pascal Jourdana, L’humanité
Pascal Jourdana, L’humanité
01 Janvier 2002 - CULTURES
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