Pour tuer l'ennui, un Japonais décide de faire du tourisme de guerre en
Syrie
Un Japonais de 45 ans a décidé de se rendre à Alep, en
Syrie. Tous les jours, il se rend seul sur les lignes de front. "Je suis
touriste en zone de conflit", résume-t-il, publiant sur les réseaux
sociaux les films et photos de ses vacances en enfer.
Toshifumi Fujimoto, un chauffeur de
poids-lourds japonais, a quitté la morne routine de ses navettes quotidiennes
pour des vacances à haute teneur en adrénaline: il tue son ennui en risquant sa
vie pour visiter les lignes de front du conflit en Syrie.
"Chaque matin je me rends sur une
ligne de front", assure-t-il, avant de poser aux côtés de combattants
rebelles dans la vieille ville d'Alep, dans le nord de la Syrie, secouée par des
combats particulièrement féroces depuis plus de six mois.
"J'y vais seul car aucun guide ne veut
aller au front, et moi je veux y aller tous les jours. C'est très excitant et
le pic d'adrénaline est incomparable", estime ce barbu de 45 ans, père et
divorcé, qui dit mener au Japon une vie solitaire et monotone.
Le temps d'une semaine, il arpente les
quartiers les plus meurtris de la métropole du Nord, armé de deux appareils
photos et d'une caméra, vêtu d'un uniforme militaire, "celui de l'armée
japonaise". Il est devenu une attraction locale.
Il parle à peine anglais, encore moins
arabe, et ne peut se faire comprendre que grâce au logiciel de traduction Google translate.
"Je vais en première ligne, avec des
soldats de l'Armée syrienne libre", force d'opposition armée.
"Je suis touriste en zone de
conflit", résume le Japonais, qui conduit d'ordinaire un camion citerne
chargé de gasoil, d'eau ou de chocolat, entre Osaka, Tokyo et Nagasaki.
Si certains amateurs de sensations fortes
trouvent leur bonheur en sautant dans le vide ou en chassant le requin, M.
Fujimoto consacre son temps libre à sillonner les points chauds du
Moyen-Orient, caméra au poing, publiant sur les réseaux sociaux les films et
photos de ses vacances en enfer.
Samouraï et kamikaze
Il dit être allé au Yémen en septembre
2012, lors de heurts meurtriers autour de l'ambassade américaine, au Caire
l'année précédente pendant la période agitée qui a suivi le renversement de
Hosni Moubarak, ainsi qu'à Homs, dans le centre de la Syrie, fin 2011, où il a
défilé contre le régime aux cris de "Allah Akbar". Et programme déjà
un séjour avec les Talibans en Afghanistan.
A Alep, il se déplace sans casque ni gilet
pare-balles, "trop lourds pour courir".
Le Japonais prend le temps de cadrer ses
clichés, alors que les rebelles autour de lui hurlent: "cours, cours, il y
a des snipers".
"Je ne suis pas une cible pour les
tireurs embusqués, car je suis un touriste, pas comme vous, les
journalistes", assure-t-il. "Et je n'ai pas peur qu'ils me tirent
dessus ou me tuent. Je suis un mélange de samouraï et de kamikaze".
Il met ses photos en ligne "pour que
mes amis les voient", affirmant ne pas les vendre.
Cet amateur de pêche et de chasse a raconté
à ses chefs qu'il partait en vacances en Turquie, "sinon ils m'auraient
dit que je suis fou".
Il a déboursé 2.500 dollars (1.900 euros)
pour venir en Turquie, d'où il est entré clandestinement en Syrie, et verse 25
dollars par jour à un Syrien qui le loge et lui permet d'utiliser internet pour
télécharger ses clichés.
AFP
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire